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Date : 04/03/2024
Écrit par Jeanne Guendoul

Amapiano : quand la vague sud-africaine débarque à Paris

Un départ de piano, et un ajout de deep house ou “deep deeeeep house” comme disent les précurseurs.

Né dans la rue, l’Amapiano est un carrefour artistique, un segment majeur du monde underground de la musique sud-africaine. D’inspiration variée, c’est une discipline qui mêle aussi bien le jazz que la techno, à travers des paroles engagées et un style “trashy-blingbling” fracassant !

Du trottoir à la scène internationale, l’ascension fulgurante de l’Amapiano

Pour percevoir toute la richesse culturelle de ce mouvement et comprendre pourquoi il a déchaîné un tel raz-de-marée à travers le globe, un petit détour par les townships d’Afrique du Sud s’impose. On commence par Johannesburg ses townships, et sa ville voisine Pretoria. Capitale administrative de l’Afrique du Sud et berceau de la culture Afrikaners, Pretoria pourrait passer pour une petite ville provinciale traditionnelle. Dans ses quartiers pauvres, les effluves de misère se font pesantes, et pourtant la magie créatrice s’opère. Car oui l’Amapiano naît de la souffrance, et exprime l’enfermement social de toute une génération qui rêve de strass et de fringues de luxe. Armés de logiciels de composition plutôt sommaires, des ados/adultes commencent à mixer sur leurs ordinateurs. Ils partagent ensuite leurs sons sur Whatsapp et Datafilehost (un site de partage gratuit très populaire en Afrique du Sud), et là c’est l’explosion de téléchargement. Partage sur partage, certains artistes deviennent de vraies références dans le milieu. Ce fût le cas pour Kabza de Small, un natif de Pretoria aujourd’hui considéré comme l’un des King de l’Amapiano. Même chose pour les MFR Souls originaires d’ East Rand, un township de Johannesburg. Ils connaissent un départ difficile en 2013 pour devenir de vraies références en 2019 avec leur titre Love you Tonight. Certains leurs attribuent même le nom du mouvement Amapiano. “Let’s give it a name…. Amapiano” raconte Mark Khoza, un MC de Johannesburg, dans Shaya, un documentaire qui retrace l’incroyable parcours de ce mouvement.   

Mais avant les flashs des scènes officielles, les débuts de l’Amapiano se font discrets et sont relayés au rang de l’ Underground. Retenez qu’ à cette époque, les productions sont plutôt du genre “artisanales”. Souvent de mauvaise qualité, les moyens étant absents, on est dans un domaine d’amateurs, personne n’a encore reçu l’approbation ni les moyens des mastodontes des industries musicales et culturelles. 

 La télévision et la radio ne se mouillent pas, jusqu’à une session nocturne animée par Da Krunk, un DJ de la radio YFM, retransmise dans tout le pays. Nommé Amapiano Hour, le show est diffusé le samedi soir, à l’heure de l’enjaillement pré-club, un vrai coup de pouce pour une conquête nationale ! Ce qui séduit Da Krunk ce sont les bass et le style progressif des innombrables sons qu’il reçoit chaque jour sur son Whatsapp. Le show est un réel tremplin pour ce mouvement naissant, il lui offre même un ticket VIP pour Live AMP, le plus gros show télévisé d’Afrique du Sud. Une occasion en or pour l’Amapiano. C’est le début du phénomène national. 

Amapiano viral, de l’underground à Instagram

Mais comment l’Amapiano a réussi à devenir la soundtrack quasi officielle d’Afrique du Sud ? Et bien on peut remercier les réseaux sociaux et leur multitude d’influenceurs. Un exemple ICI avec une chorégraphie d’Andy Dlamini. Un mouvement populaire, des clubs bondés, des influenceurs en folie qui tirent des rafales de vidéos… Le mélange est explosif et la marée se répand très vite. En quelques mois, l’Amapiano envahit tout l’espace sonore du pays. Les talents se révèlent et les shows s’enchaînent. Djs et danseurs animent les soirées. Pas mal de petits moves sont filmés et relayés par la communauté des réseaux sociaux, comme The dancing with the bottle, qui devient carrément viral ! Pour l’anecdote, c’est au départ d’un pas de danse réalisé par Papper avec un verre à la main, que tout le petit monde de l’Amapiano s’enflamme et reproduit le move. Arrive un jour dans un club du township d’Alex à Johannesburg, où un danseur est filmé réalisant le même move avec une bouteille de Corona. La vidéo est virale et ne manque pas d’intéresser la marque de bière qui organisera ensuite la tournée Amapiano Sunset, avec au programme toutes les grosses pointures de l’Amapiano. Un joli coup de comm pour Corona, et un gros coup de projecteur pour l’Amapiano. 

La house sud-africaine, une culture en mouvement

L’ascension de la scène électronique dans les années 90 n’a pas épargné l’Afrique du Sud. Les raves dans les townships de Pretoria sont aussi dingues que celles des hangars de Londres et Berlin, le phénomène électro s’empare des nuits sud-africaines.

Sur un fond de fin d’Apartheid et en parallèle de la crise du SIDA, le Kwaito devient un symbole du renversement. Le Kwaito jailli de Soweto, un township de Johannesburg, et devient très vite la référence musicale nationale de l’époque. En afrikaans, kwai exprime la colère, le sang chaud. Le pays vît une période de célébration mais aussi de révolution. Inspiré à la fois du Hip-Hop, de la House et du Disco, c’est une néo-genre inédit dans le pays ! Le Kwaito s’exporte jusqu’au lifestyle, fringues, danse, c’est une culture à part entière. L’un des pionniers, Arthur Mafokate, est souvent cité comme père du premier tube national Kwaito. 

Les similitudes avec l’Amapiano se cumulent. Une crise sociale, un cri de révolution, une scène Underground puis un succès national et international. L’Amapiano se dessine comme la continuité du Kwaito, avec néanmoins une petite variante, la diffusion via les réseaux. 

Mais la scène électro sud-africaine c’est aussi l’Afrobeats, le Shangaan électro, le Barcardi House, et bien d’autres. La richesse culturelle et etnique du pays, ses 11 langues, et son incroyable créativité, promettent à l’Afrique du Sud un bel avenir sur la scène musicale internationale.

Quand l’Amapiano débarque à Paris : Andy Dlamini à S.W.A.G. Studio !

Une fois qu’on a dit ça, la question est : comment peut-on vivre la vague Amapiano à Paris ? Et on vous répond : suivez Andy Dlamini. L’amapiano, ça s’écoute et ça se danse ! Andy, danseuse qui arrive tout droit d’Afrique du Sud, est arrivée à Paris il y a 3 ans dans l’objectif de vivre de son talent et de partager sa culture. Chorés, challenges, Andy ne manque pas d’idées pour faire vivre le mouvement et le transmettre aux autres danseurs Parisiens. Son portrait ICI.

Repérée par Pauline Terestchenko, fondatrice de S.W.A.G. Studio dès avril 2021, elles organisent les premiers cours avant même l’ouverture du studio, dans des salles à droite à gauche. En septembre 2021, le S.W.A.G. Studio ouvre son propre lieu à Belleville et commencent alors les rdv Amapiano du samedi à 12h, puis du jeudi à 19h… L’Amapiano n’était alors plus réservée aux danseurs, il devenait accessible à tout le monde. Et après les cours, les soirées qui arrivent ensuite ! 

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