Date : 04/03/2024
Écrit par Jeanne Guendoul
L’Afro house : un mouvement musical international, des racines ancestrales
Pleine de rythme, d’allégresse, de style, et de puissance, l’afro house est la danse qui fait bouger toutes les générations et tous les pays depuis plus de 20 ans.
Sonorités tribales, fond électro, l’afro house est un genre complètement envoûtant. C’est un style emprunté à une multitude de courants et cultures d’Afrique, mais aussi des États-Unis. L’afro house surfe sur la vague de la contre-culture. Son histoire, à la fois urbaine et politique, signe l’importance et la profondeur du mouvement afro house.
Une discipline artistique naît toujours d’un mélange, d’une évolution, d’une mutation, d’une métamorphose. L’afro house ne déroge pas à cette règle, et porte fièrement des origines aussi variées qu’ancestrales. L’afro house c’est une multiculturalité incarnée dans une énergie unique. Des bidonvilles de Johannesburg aux quartiers underground de Détroit, l’alliage est surprenant, et le résultat, irrésistible. Petit zoom sur le mouvement afro house, de son histoire à évolution contemporaine.
L’afro house, la fin de l’Apartheid, le commencement d’un mouvement émancipatoire
Le mouvement de l’afro house éclot dans un contexte politique fort, au lendemain de l’Apartheid. Après des décennies de ségrégation, le début des années 90 marque la naissance d’une nouvelle société en Afrique du Sud. La jeunesse cherche alors à s’exprimer après des années de répression, d’exclusion et de silence. C’est alors en réponse aux années Apartheid, que l’afro house naît et symbolise un renouveau pour la jeunesse de l’époque, qui livre toute son énergie à ce nouvel art urbain. L’essence même de l’afro house est l’émancipation, et on le ressent dans ses choix d’influence. Le mouvement se doit d’être unique, audacieux, novateur. En pleine vague Hip Hop / RnB, l’afro vibe souhaite se délier de l’influence américaine, et créer sa propre culture. L’afro house est une émancipation politique et culturelle, qui se propagera dans le monde entier.
La naissance de l’afro house, un mérite revendiqué par différents pays
Quartier de Soweto à Johannesburg ? Luanda en Angola ? La création du mouvement afro house suscite encore de l’incertitude. Néanmoins, on peut être sûre que le visage de cette musique novatrice est la jeunesse urbaine africaine. L’afro house est une expression identitaire et sociale. C’est un croisement entre tradition culturelle ethnique et musique électronique. C’est la rencontre de deux mondes totalement différents, et qui se complètent pourtant à merveille.
House africaine, Kwaito… la musique urbaine africaine
En réalité, l’afro house est l’une des branches de la house africaine, qui se décline en différents mouvements, chacun portant des origines spécifiques. L’un des premiers courants musicaux appartenant à la house africaine est le Kwaito. Le Kwaito est très proche de l’afro house, mais il est plus lent. Initialement inspiré par le disco des années 80, on y retrouve aujourd’hui quelques éléments du Hip Hop, mais c’est initialement un style qui s’inscrit dans la grande famille des musiques urbaines africaines. Du rap, en anglais ou en dialecte, un rythme lent, de la basse, du synthé, le Kwaito est une jolie soupe épicée, assez inédite pour l’époque. Et une chose est sûre, le Kwaito naît en Afrique du Sud ! Il est probablement le père de l’afro house, mais on le répète, le débat est encore en cours… Néanmoins, on parle aujourd’hui beaucoup d’afro house angolaise, et celle-ci a fortement été influencée par le Kwaito sud-africain. Affaire à suivre !
L’afro house, emblème de la culture africaine
Vous l’aurez compris, l’afro house est une mosaïque infinie d’influences diverses. Mais, à la différence du Kwaito, il met en scène la richesse culturelle africaine, exclusivement. Les chants sont traditionnels. On retrouve du lingala, un dialecte congolais, mais aussi du calão, une langue proche du portugais angolais, parlée par différentes ethnies du Brésil, du Portugal ou encore d’Espagne. Petit à petit, l’anglais s’introduit dans les productions, mais elles restent toujours très chantées, la dimension traditionnelle, le folklore restent au centre des préoccupations des artistes. Ce sont les diasporas africaines qui font la musique. La house ne fait que la sublimer et la moderniser pour la garder à la lumière. L’afro house s’articule dans un esprit de métissage, mais reste toujours tournée vers la culture africaine. Et c’est ce qui va conquérir la scène internationale.
L’afro house aux portes du monde
L’afro house s’impose rapidement dans plusieurs pays du continent africain, notamment à en Angola, dans la ville de Luanda, la capitale. Ce sera le point de départ de l’exportation de l’afro house. On en trouve d’abord au Portugal, à Amsterdam, puis Londres, et progressivement, toutes les grandes villes d’Europe sont contaminées par la fièvre afro house. Au début des années 2000, on écoute de l’afro house surtout dans les clubs underground européens, tandis qu’en Angola, elle fait figure de bande son officielle. Des générations de DJs et de danseurs continueront de propager l’afro house au cours des années 2000.
Mo Laudi, le papa de l’afro house à Paris
À paris, l’afro house se propage doucement sur la scène grand public, notamment grâce à un artiste, Mo Laudi. DJ d’origine sud-africaine, aujourd’hui parisien d’adoption, Mo Laudi a su introduire la musique sud-africaine dans les clubs parisiens et londoniens lorsqu’elle en était totalement absente. Au début des années 2000, Mo Laudi mixe de la house africaine dans des petites caves de Londres, avec quelques amis en guise de public. Petit à petit, le mot se passe, les spectateurs affluent, la communauté se crée, puis les propositions de premières parties tombent. Son dernier EP sorti en 2017, Paris Afro House Club, est un bel hommage à ses origines et à son histoire. C’est une belle création de fusion, à découvrir de toute urgence. On vous laisse checker un de ses sets, une vraie tuerie !
“Tous les dix ans, les gens s’intéressent un peu plus à l’Afrique car la musique européenne est assez consistante en matière de rythmes, contrairement à la musique africaine qui expérimente plus rythmiquement.C’est comme un petit laboratoire. Drake ou Major Lazer découvrent aujourd’hui des choses qui étaient à la mode en Afrique du Sud il y a dix ans, ils sont très old-school !”, raconte-t-il au magazine Tsugi.
Si la musique afro house vous intrigue, on vous propose d’écouter quelques sons de deux grands pionniers de ce style unique.
Black Coffee est un sud africain né en 1976 qui s’est fait connaître à travers la Red Bull Music Academy en 2003. Sa carrière décolle, il se fait remarquer, notamment en Afrique du Sud. Il refuse un contrat avec la boîte de production Sony, et monte dans la foulée sa propre maison de disque. Son deuxième album Have Another One s’exporte à l’international, son public se constitue, le succès est là. Petite anecdote, Black Coffee entre dans le Book Guiness des records suite à un set de … 60h non stop ! Il s’exporte ensuite aux Etat-Unis, où il participera au festival Coachella, et collaborera avec les plus grands comme Drake ou David Guetta.
Themba est un DJ originaire de Johannesburg. Il grandit dans un township à l’est de la ville, avec un père très strict qui met un point d’honneur à ce qu’il travaille bien à l’école. Cela lui vaut d’être un très bon élève, mais la musique est sa passion, et il continue de la découvrir et de l’expérimenter pendant son temps libre. Après une année de fac, il décide de s’y consacrer pleinement, et se fait mettre dehors par son père. En 2018, il envoie sa musique à différentes maisons de disques internationales. Tout le monde lui répond “mais qui est Themba ?”. C’est alors qu’il sort un titre qui deviendra un succès international, Who is Themba. Aujourd’hui pleinement établi dans le monde de la musique, il parcourt le monde pour y faire découvrir l’afro house.
Et la danse dans tout ça ?
Pour ce qui est de la danse afro house, elle se développe en même temps que la musique. En Afrique du Sud, comme en Angola, et dans beaucoup de pays africains, la danse tient une place essentielle. Comme pour le mouvement de l’Amapiano, la musique afro house se déploie de concert avec la danse. Sur la base de hip-hop, de house dance, et de quelques danses traditionnelles africaines, l’afro house s’invente et se réinvente. Que ce soit dans la rue, dans des soirées, des house party, l’afro house se véhicule naturellement car elle renvoie à la fois à des racines, des origines, et explore en même temps les styles de danse en vogue à cette époque. La rythmique est forte, soutenue, la gestuelle précise et tranchante.
L’afro house est une danse qui en impose, et notre professeur Yulia Kisileva sait très bien s’y prendre pour enseigner la technique tout en motivant ses troupes pendant ses cours !
Yulia Kisileva est une danseuse Russe qui a appris l’Afro House à la source. Après avoir appris l’histoire et les techniques depuis youtube, elle fût l’une des pionnières de ce style à Moscou.
Yulia vit maintenant à Paris et nous apprend que la danse n’a ni frontière, ni couleur. Elle se partage, c’est tout. Retrouvez ses cours Afro House débutant à S.W.A.G. Studio Paris Belleville. Partage, inclusion, multiculturalité. Bienvenue!
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